Om LE CRIME DE L¿OPÉRA
Le boudoir était tendu de soie bouton d¿or, parce qüelle était brune, cette merveilleuse Julia d¿Orcival qui tenait si bien son rang à la tête du grand état-major de la galanterie parisienne. Un feu clair brûlait dans la cheminée, garnie de chenets Louis XVI, des chenets authentiques où s¿étaient posés les petits pieds des belles du Versailles d¿autrefois. La lueur adoucie d¿une lampe en porcelaine du Japon éclairait le réduit capitonné où n¿étaient admis que les intimes. On n¿entendait pas d¿autre bruit que le roulement lointain des voitures qui descendaient le boulevard Malesherbes, et le murmure de l¿eau bouillante qui chantait sa chanson dans le samovar de cuivre rouge. Pourtant, Julia n¿était pas seule. Près d¿elle, à demi couchée sur une chaise longue, un jeune homme, plongé dans un vaste fauteuil, tortillait sa moustache blonde, et regardait d¿un ¿il distrait une terre cuite de Clodion, représentant des Bacchantes lutinées par des Faunes. L¿élégant cavalier ne songeait guère à cette ¿uvre d¿art, pas plus que la dame ne songeait au splendide tableau de Fortuny qui rayonnait en face d¿elle, et qüelle avait payé une somme folle. Et s¿ils se taisaient, ce n¿était pas qüils n¿eussent rien à se dire, car ils s¿observaient à la dérobée, comme deux adversaires d¿égale force s¿observent avant d¿engager les épées. Un viveur expérimenté aurait jugé à première vue qüentre ces amoureux il allait être question de choses sérieuses. Un auteur dramatique aurait flairé une situation.
Visa mer