Om BALAOO
Il était dix heures du soir et depuis longtemps déjà il n¿y avait plus âme qui vive dans les rues de Saint-Martin-des-Bois. Pas une lumière aux fenêtres, car les volets étaient hermétiquement clos. On eût dit le village abandonné. Enfermés chez eux bien avant le crépuscule, les habitants n¿eussent consenti, pour rien au monde, à débarricader leurs demeures avant le jour. Tout semblait dormir, quand un grand bruit de galoches et de souliers ferrés retentit sur les pavés sonores de la rue Neuve. C¿était comme une foule qui accourait ; et bientôt l¿on perçut des voix, des cris, des appels, des explications entre gens qui venaient d¿on ne sait où. Pas un volet, pas une porte ne s¿ouvrit au passage bruyant de cette troupe inattendue. Chacun était encore sous le coup des deux assassinats de Lombard, le barbier du cours National, et de Camus, le tailleur de la rue Verte, suivant toute une série d¿événements tantôt tragiques, tantôt sinistrement comiques et souvent inexplicables.
Visa mer