av Anne-Marie De Beaufort
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Les Francs n'estimoient que la profession des armes ; ils laissoient l'agriculture et les métiers aux esclaves ; tout citoyen étoit soldat et se présentoit toujours armé ; ils se servoient de lances, de javelots, de haches, d'épées, qu'ils appeloient francisques, de casques et de boucliers. Au signal du combat, ils s'élançoient avec une telle impétuosité, que rien ne résistoit à leur choc. Souvent ils brisoient à coups de hache le bouclier de leur ennemi, et sautant sur lui l'épée à la main, ils le tuoient. Ne reconnoît-on pas à cette peinture les Français si redoutables à l'attaque, à l'abordage, à l'arme blanche ? L'ardeur de ce grand peuple ne le laissoit jamais jouir de la paix ; il se battoit en duel pour les sujets les plus légers, aimoit le jeu, les festins, les chants, étoit hospitalier, curieux, exact à remplir ses sermens et à payer les dettes du jeu. Les Francs étoient de haute taille, leur chevelure étoit blonde, abondante et naturellement bouclée ; les rois seuls la laissoit croître. Leur physionomie étoit douce et riante, leur esprit fin, délicat, enjoué, ardent ; enfin ils étoient alors ce qu'ils sont de nos jours, courageux, légers, téméraires et inconstans. Les femmes comptoient avec orgueil les blessures de leurs époux, combattoient à leurs côtés, et vengeoient leur mort ; elles étoient fières, sensibles et fidelles : les Francs avoient pour elles autant de respect que d'amour ; au temple on croyoit à leurs oracles, au conseil on déféroit à leurs avis.