av Paul Charpentier
395,-
Parmi les traits les plus saillants de nos m¿urs, il en est un qui ne peut, ce semble, échapper à personne: je veux dire un penchant très prononcé pour les jouissances; et j'ajoute, surtout pour celles de l'ordre matériel. Sans examiner ici si une pareille disposition était restée jusqu'à présent inconnue, il est permis d'affirmer que, de nosjours, et parmi nous, elle se manifeste avec évidence. Dès le milieu de ce siècle, et même un peu avant, la France a donné des preuves multiples de la considération dans laquelle elle tenait les biens de ce monde. On y a vu la richesse, les grandeurs, les plaisirs, le bien-être sous toutes les formes, poursuivis avec âpreté, quelquefois avec cynisme. Ces ardeurs se sont traduites dans des faits bien connus, dont quelques-uns n'ont eu que trop d'éclat; elles se sont exprimées aussi, dans les arts, dans la littérature, par des productions qu'on n'a point oubliées. Non que la France tout entière ait sacrifié à ces passions; grâce à Dieu, elle n'a jamais perdu la tradition des grands dévouements et des ¿uvres élevées. Mais il certain que, depuis un certain nombre d'années, nous n'avons point, en général, montré un détachement exagéré de toutes choses, et qu'on ne peut nous reprocher d'avoir estimé au-dessous de sa véritable valeur le prix de la vie.