av Charles Deslys
409,-
Un voyageur, que le train venait de laisser à la station voisine, gravissait à pied la côte du sommet de laquelle on découvre tout à coup la vallée, le village. Il n'avait guère plus de vingt ans. Il n'était ni grand ni petit, ni beau ni laid. Rien d'un héros de roman. Mais sa physionomie plaisait par une expression de droiture, de franchise, de bonne humeur et de vraie jeunesse. Sur son front, largement découvert on devinait l'intelligence; dans ses yeux vifs et doux, la tendresse et la volonté. Bien que son costume fût des plus modestes, et toute sa personne à l'avenant, il semblait heureux de vivre et de cheminer ainsi, d'un pas leste et fier, au printemps de l'année, au printemps de la vie. Le grand air qui fouettait ses cheveux bruns, les parfums de la campagne, l'aspect de la libre nature, tout l'enchantait, l'enivrait. Arrivé sur le plateau, il fit halte, et contempla l'immense horizon qui se déroulait devant lui. Au fond de la vallée serpente une large rivière. Des peupliers, des saules s'alignent ou se groupent harmonieusement sur les îlots, sur les rives. Le village éparpille au bord de l'eau ses jardins et ses chaumières. à droite, ce sont de vastes prairies; avril les avait émaillées de pâquerettes. à gauche, sur les coteaux, des cultures, des vignobles, des bouquets de bois. Vers les hauteurs, la lisière d'une grande forêt se perd dans les nues.