av Camille Mauclair
345,-
Extrait : " Il ne nous sera pas donné en cet ouvrage d¿écrire une histoire complète de l¿impressionnisme français, et d¿y enclore tous les détails attachants qüelle pourrait comporter, et par elle-même, et à cause du temps si curieux où son évolution s¿est déroulée: les proportions de ce livre nous engageront seulement à résumer le plus clairement et le plus simplement possible les idées, les personnalités et les ¿uvres d¿un considérable groupe d¿artistes qui n¿ont pu être bien connus à cause de plusieurs conditions, et sur lesquels de graves erreurs ont été trop souvent formulées. Ces conditions sont très évidentes; d¿abord, les impressionnistes n¿ont pu se montrer aux Salons, soit que les jurys leur en refusassent l¿entrée, soit qüils s¿abstinssent de leur propre volonté. Ils ont, sauf de très rares exceptions, exposé toujours à l¿écart, dans des galeries particulières où un public très restreint les connut: toujours attaqués et pauvres jus- qüen ces dernières années, ils n¿eurent aucun des bénéfices de la publicité et de la gloriole. Enfin, c¿est depuis très peu de temps que l¿admission au Musée du Luxembourg de la collection Caillebotte, incomplète, mal présentée d¿ailleurs, permet au public de se faire une idée sommaire de l¿impressionnisme; et pour achever l¿énumération des obstacles, il faut dire qüil n¿existe à peu près aucune photographie d¿¿uvres impressionnistes dans le commerce" Camille Mauclair n'est pas un historien de l'art, mais un polygraphe inépuisable qui a laissé plus de cent ouvrages et plusieurs milliers d'articles. Toutefois il a écrit des livres et des articles d'histoire de l'art qui, sans avoir un statut scientifique reconnu, illustrent néanmoins un mode de diffusion fondamental pour la discipline. Lui-même ne se serait jamais défini comme historien de l'art, quoiqu'il ait signé un « catalogue raisonné » de Greuze, mais comme « écrivain d'art », appellation qui eut cours chez les symbolistes ; de plus, comme critique, il estimait pouvoir rédiger ce qu'il appelait des « études d'art ancien », tout autant que des « études d'art moderne » : ces deux expressions recouvrent ainsi son ¿uvre d'historien qui, malgré sa facilité et parfois sa médiocrité, mérite de figurer ici, comme reflet d'une approche de l'histoire de l'art issue de la période symboliste et comme témoin d'un moment où se mettent en place de nombreuses collections de vulgarisation qui assurent à la discipline une nouvelle forme de socialisation, parallèle à son institutionnalisation universitaire.