av Albert Lozeau
269,-
La musique, ce soir, berce comme une vague mourante. Elle est si douce qüelle se fond dans l¿air et se dilue dans le silence. Note à note s¿égrène la mélodie, comme la fleur s¿effeuille pétale à pétale, sans bruit. Et l¿harmonie flotte, poussière de sons, dans l¿atmosphère paisible... La musique est douce, douce... L¿ombre en est tranquillisée, le c¿ur saisi. Presque rien pour l¿oreille, tout pour l¿âme. Je ne sais quoi dans l¿heure endormie la subtilise, l¿évapore. Elle semble venir de très loin, peut-être du fond de mon passé, comme une brise qui aurait fait le tour de la terre ; et je ne sais si la chanson est en-dedans ou en-dehors de moi, tant elle est douce, douce, douce... Et cependant, elle est forte comme une puissance céleste, puisqüelle bouleverse mon être et fait pleurer mes yeux. Je l¿entends à peine, mais elle exulte en moi, tel qüun orgue au matin de Pâques, tel qüun orchestre innombrable, tel qüun carillon triomphal ! Sa douceur formidable enivre mon cerveau, comme pas un vin de France ou d¿Italie. Pourtant, je ne perçois qüun peu de bruit qui palpite, ¿ le battement de mon c¿ur, peut-être ¿ tant elle est douce, douce, douce...